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Le Chien écrasé
3 décembre 2010

Sexualité : Deux mille ans d’absolutisme

the_popeAvec ses déclarations sur le préservatif, Joseph Ratzinger tente de redorer son image. Difficile par contre de revenir sur les deux millénaires de religion catholique.

Par Mathieu RUIZ BARRAUD

Les déclarations du pape is­sues de son livre ont eu l’ef­fet d’une bombe médiatique. Une explosion bien orchestrée par les services de communication du Vatican. Il était temps, car le Saint-Père avait remué une bonne partie des croyants avec ses décla­rations sur le même bout de latex en 2009. Il se rend alors en Afrique pour une semaine de tournée, et annonce que la capote n’est pas une solution contre le sida. « Au contraire cela aggraverait le pro­blème », déclare-t-il dans toute sa candeur biblique. Or, il se trouve sur un continent où le virus touche 25 millions de séropositifs, 67% du total mondial. Avec 470 millions de chrétiens en Afrique (en majorité catholique), un tel discours est à l’époque considéré comme irres­ponsable par la plupart des ONG concernées. Mais aujourd’hui, Ratzinger veut « une sexualité plus humaine » et admet l’utilisation du préservatif pour des cas bien spécifiques. Il cite l’exemple des prostituées.

Joseph, un arriviste ?

Si la position de l’Eglise parait changer sur la sexualité, elle n’est en aucun cas impulsée par Joseph Ratzinger. En 1968, le pape Paul VI, dans son encyclopédie recon­naît que « l’Église n’estime nul­lement illicite l’usage des moyens thérapeutiques vraiment néces­saires pour soigner des maladies de l’organisme, même si l’on prévoit qu’il en résultera un em­pêchement à la procréation ». A l’époque, le sida n’avait pas en­core été décelé, et l’Eglise n’a ja­mais vraiment suivi officiellement le Saint-Père. La raison ? Pour la plupart des soutanes vaticanes, le préservatif équivaut à un acte meurtrier. Il est à classer au même titre que l’avortement au centre du combat catholique (cf p.5). 

Par la suite, le premier enseigne­ment de Jean-Paul II se fait sur un sujet similaire. Entre septembre 1978 et novembre 1984, il donne une série de conférences sur la sexualité de ses fidèles. Si par cet acte, il arrive à changer le discours officiel de l’Eglise en parlant plus librement d’un sujet alors tabou, il ne révolutionne pas le genre et ne fait pas de ses croyants des gens libres sur le plan sexuel. 

Pour Joseph Ratzinger, le cas est différent. Il avait été depuis le dé­but de son pontificat d’un purita­nisme extrême. Malgré ce revire­ment inattendu, il est difficile de s’imaginer, un jour, le Saint-Père distribuer des préservatifs avec l’ostie pendant la messe, ou auto­riser l’ouverture d’un sex-shop sur la place Saint-Pierre. 

La frustration à la sauce catho

Difficile de ne pas penser à la frustration lorsque le sujet de la sexualité est abordé avec le catholicisme. Avec la création du Pêché originel dans la Bible, l’Homme doit avoir honte de toute tentation. On entre alors dans une ère de refoulement sexuel par l’Eglise. Toute envie est reconnue comme mauvaise. Le sexe au Vati­can, c’est pour se reproduire. La concupiscence, est mal vue : le plaisir, on ne le trouve qu’au para­dis. 

En 1930, le pape Pie XI, suivant la doctrine d’Augustin, père de l’Eglise latine, remet une couche de verni sur la conception du mariage. Celui-ci avait été profondément modifié par le libéralisme qui régnait. Le mariage était alors considéré comme un contrat social, ce qui rendait le divorce licite. Pie XI écrit alors le Casti Connubii. Avec cette encyclique, le Pape tente de remettre ses moutons sur le droit chemin. Il repositionne clairement le Vati­can contre le divorce, le sexe hors mariage, l’avortement et l’homosexualité. 

Soixante-dix ans après, le discours de l’Eglise n’a pas vraiment avan­cé. Malgré Vatican II, qui a ouvert la religion catholique au monde moderne, l’aspect sexuel de la société est figé si l’on se place du point de vue du Vatican. Les déclarations de Joseph Ratzinger peuvent ouvrir une voie nouvelle. Mais il doit mener un autre pro­blème de fond en même temps : La pédophilie et les prêtres. Et là, c’est de la sexualité du corps reli­gieux dont il est question.

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